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Qui suis-je ? Le portrait

« Tout portrait se situent au confluent d’un rêve et d’une réalité » Georges Perec, La Vie mode d’emploi (1978).

Qu’il s’agisse de portraits d’identité, de famille ou d’autoportrait, tous soulèvent la question de l’identité et d’un point de vue sur le monde. Par le jeu de la mise en scène et de la fiction, le portrait pose alors un certain nombre d’ambiguïtés débouchant sur un détournement de sens, une multiplicité d’interprétations.

Loin de chercher à dévoiler une intériorité psychologique du sujet, l’artiste place l’individu dans un environnement intérieur ou architectural reconnaissable, renvoyant et dévoilant un contexte social très connoté. Cette position sociale, fortement établie dans nos représentations culturelles, se révèle également dans la posture du sujet photographié, dans son attitude face à l’objectif et dans le rapport qui s’instaure entre lui et le photographe. C’est une certaine forme d’aliénation qui est alors dénoncée.

Dans une société contemporaine où le nouvel idéal corporel exige la minceur, la jeunesse et la santé physique, les artistes remettent en cause les pratiques et valeurs esthétiques établies. Ils dénoncent la normalisation du corps en transgressant les tabous majeurs de la société : la mort, la religion, la vieillesse, la maladie, le sexe et la difformité physique.

Si la fonction du portrait est de révéler, dévoiler, démasquer l’identité, elle tend également à la brouiller. Les artistes, tels des archéologues, remontent aux origines du corps, explorent ses qualités plastiques et réalisent sans fausse pudeur, ni dramatisation, des autoportrait fragmentés, des compositions souvent frontales, sérielles, proches de la sculpture primitive. Ce processus de morcellement du corps révèle une perception du corps non plus unitaire mais éclatée. Il rappelle l’omniprésence de la crise du sujet, la quête d’une identité toujours inaccessible.

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