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What is not visible is not invisible

«L’art est juste une manifestation, un cheval de Troie pour les idées1

Difficile de mieux exprimer l’essence même de la création contemporaine : le primat de l’idée sur sa formalisation. La disparition de l’objet énoncée sous forme de Statement en 1968 par Lawrence Weiner, grande figure de l’art conceptuel américain, synthétise cette nouvelle attitude amorcée au début du XXeme siècle par Marcel Duchamp :

1. L’artiste peut construire la pièce.
2. La pièce peut être réalisée.
3. La pièce peut ne pas être réalisée.

Ce retrait de la figure du créateur induit cependant la délégation de la réalisation de l’œuvre à l’institution ou au commanditaire renforçant ainsi son « pouvoir ». L’exposition devient plus que jamais un lieu critique de construction du visible, même lorsqu’il n’y a « rien à voir ».
La présentation ou l’exposition de l’œuvre lorsqu’elle est invisible, protocolaire ou éphémère devient une modalité de cette œuvre. Avec l’exposition sans objet, tous les éléments du cadre deviennent signifiants et, en désignant l’absence de l’œuvre, renforcent la présence du système.

Cette dématérialisation de l’œuvre fait écho aux recherches liées au langage. Une quête de l’essentiel qui ne confine pas pour autant au rigorisme ou à l’austérité. Ces démarches expérimentales, ces systèmes et principes énoncés par les artistes se teintent le plus souvent d’humour, de distance critique et d’un certain esprit de subversion poétique !

1 Freddy Contreras/Ceal Floyer, catalogue de l’exposition à la galerie The Showroom, Londres, 1995

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