Valse
1983
Photographie couleur, tirage cibachrome
170 x 120 cm
Acquisition: 1985
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Patrick Tosani s’est orienté vers la photographie après avoir mené des études d’architecture. Cela explique, peut-être, un intérêt particulier pour les questions d’espace et d’échelles qui caractérisent son œuvre. Virtuose de son medium, il produit des séries remarquables, tant par la taille des tirages qui les composent que par la qualité d’imagination qu’elles recèlent. Car il s’agit, la plupart du temps, de la manipulation et de la combinaison poétiques d’objets simples : figurines, vêtements, fragments du corps, liquides divers… «Comme si la photographie supplantait le réel», dit-il.
Valse frappe d’abord par la joyeuse «picturalité» d’une composition qui s’impose à la surface d’un grand format. Sur un fond rouge vermillon intense, l’agrandissement de deux glaçons superposés produit une impression de monumentalité. L’effigie d’un couple de danseurs, pris dans la masse luminescente des glaces, fait partiellement saillie. L’aspect verni et luisant des transparences givrées accentue la saveur acidulée des couleurs (la robe jaune et le costume bleu des valseurs…). Mais le propos de l’œuvre n’est pas seulement visuel, c’est aussi un jeu mental avec le temps. De même que le plastique, dans lequel sont moulés les personnages, immobilise, à jamais, un mouvement, la photographie souligne, en même temps qu’elle l’arrête, l’élan dynamique d’une mise en scène d’objets ; elle fige et installe le moment transitoire de la fonte d’un glacier. Les figures prisonnières restent, en équilibre, dans la promesse illusoire d’une libération prochaine.
Olivier Goetz
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