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David Renaud

Né en 1965 à Grenoble (FR). Vit et travaille à Paris (FR)


Les Îles

2014
9 peintures acrylique et encre d'impression sur papier Bristol, vernis acrylique mat : Inexpressible, Possession, Défiance, Désolation, Déception, Désappointement, Promesse, Inattendue, Confusion
65 x 50 cm chaque
Acquisition: 2015


David Renaud considère à la fois les cartes topographiques pour leurs qualités plastiques et pour l’imagination qu’elles convoquent. Son intérêt pour les cartes remonte à celui qu’il a pour le camouflage, vu comme une abstraction et comme une forme de représentation du paysage : tous deux d’origine militaire, ils évoquent l’appropriation d’un territoire. L’artiste porte son attention sur les usages de la carte, sur ce qu’elle représente et pour quelles raisons choisir de cartographier un territoire plutôt qu’un autre. Un détail dans une carte, un toponyme ou une couleur dominante sont pour lui des points de départ pour des expérimentations plastiques. Il a commencé par recouvrir les cartes, les rehausser d’encre, puis à en retirer progressivement les légendes. Lorsqu’il use des codes cartographiques, les dissociant de leur support, pour créer des œuvres, peintures, sculptures, installations in situ, il accentue les caractéristiques du territoire représenté. Ses œuvres tiennent à la fois à la question du langage, du symbolique et du sensible. Elles invitent le spectateur à être aussi bien dedans, face et à l’extérieur de la carte. Ainsi, l’artiste interroge le plaisir de se projeter dans la carte et d’y voir un paysage. Précisément, les cartes des îles l’ont attiré pour le vide qu’elle contiennent et l’ont conduit à expérimenter des jeux de combinaisons entre les codes cartographiques et des techniques picturales. Progressivement, la carte en tant que telle semble disparaître.

Avec Les îles, 2014 (Inexpressible, Possession, Défiance, Désolation, Déception, Désappointement, Promesse, Inattendue), David Renaud pousse encore plus loin l’idée d’une carte minimale. Présentées lors de l’exposition « Zones sensibles » (24 juillet – 23 octobre 2016 au Frac Lorraine) aux côtés de ses cartes topographiques, chacune de ses peintures aux différentes nuances de gris, présentent des coordonnées géographiques d’îles. L’outil de repère a remplacé la forme du territoire. Comme une légende, en bas, écrit à la mine de plomb, le nom de l’île évoque une sensation. Ce toponyme renvoie au désir d’ailleurs. Ici, l’artiste interroge le pouvoir évocateur des noms présents sur les cartes. Cette œuvre convie à s’interroger jusqu’où l’indice, fragment de la carte peut signifier une carte ? Elle donne suite à des recherches sur de nouvelles gammes colorées. Un basculement s’opère, la couleur prend le dessous et symbolise un territoire.

Pauline Lisowski