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Edith Dekyndt

Née en 1960 à Ypres (BE). Vit et travaille à Tournai (BE)


One second of silence (Part 1, New York)

2008
Vidéo couleur, non sonore
durée : 18'29''
Acquisition: 2008


Dans le monde de perceptions révélé par Edith Dekyndt, tout porte à croire que le silence règne souverain, propice aux moments de réflexion. Alors que la vie n’offre guère de silence, le drapeau transparent, One Second of Silence (Part 01, New-York) (2008), flotte dans les airs laissant sa surface se confondre avec le ciel alentour comme s’il en était l’emblème et donne à entendre métaphoriquement un « silence bruyant ». Sous l’empreinte des claquements du vent ici muets, le drapeau ondule avec force de persuasion poétique à l’image des rouleaux de vagues et semble devenir liquide.
Planté au sommet d’un immeuble newyorkais, l’étendard transparent se fait l’écho du désir d’ailleurs caractéristique de la démarche de l’artiste. Son label « Universal Research of Subjectivity », créé en février 2000 en référence à une expédition artistique organisée dans le grand nord canadien, traduit au mieux l’esprit qui anime cette étonnante épopée poétique.
Tel un aphorisme traduisant une option philosophique de vie less is more, One second of silence est un étendard qui unit de manière céleste. Résumé identitaire d’une nation planétaire, la transparence plaide pour une identité non investie par des couleurs et des symboles et fonctionne à l’instar d’une veduta, une fenêtre, un point de fuite, qui attire l’attention au-delà. Au-delà des particularismes, One second of silence propose un environnement naturel qui ramène l’homme à son état indifférencié. D’une vision subjective en son for intérieur à une vision globale du monde, l’œuvre affirme sa capacité à pointer avec discrétion la question de l’adéquation de l’individu en société. Doté d’une coloration civique faussement ingénue, le regard d’Edith Dekyndt agit comme un temps de respiration salutaire permettant la réflexion. Si l’œuvre renvoie à l’un des préceptes d’universalité positive de la démarche, exprimant qu’il n’y a qu’un pas de l’individu au monde, plus gravement, l’intitulé renvoie aussi aux minutes de silence observées lors d’un deuil, qui ramenées à une seconde disent de manière cinglante l’hypocrisie d’un monde, qui préfère se recueillir que prévenir.

Cécilia Bezzan