retour

Mircea Cantor

Né en 1977 à Oradea (RO)
Vit et travaille à Paris (FR) et Cluj Napoca (RO)


Chaplet

2007
Peinture murale, encre typographique sur mur
Dimensions variables, maximum 25 m
Acquisition: 2007


Œuvres textuelles, films/vidéos, photographies, installations, éditions, le travail de Mircea Cantor se déploie dans une étonnante diversité de médiums, sans répétition. Chaque pièce revêt un caractère de manifeste, chaque image est motivée. En proposant une réponse personnelle à une réalité saturée de signes parfois oppressants, l’artiste bouscule et renverse les conventions. Le cycle de la disparition et du renouveau est constamment mis en jeu dans son œuvre qui nous rappelle ainsi la course effrénée au temps dans nos sociétés contemporaines. Témoin attentif de la société et des cultures préoccupé par l’alchimie des idéologies dans la circulation infinie de la pensée, Mircea Cantor se place très souvent à la croisée des mondes et des mentalités.

Chapelet est un fil de fer barbelé fait de l’apposition directement sur le mur de la pulpe des doigts encrés de l’artiste. Cette ligne, sans équivoque par rapport à son motif, ceint le mur d’une façon étrangement expressive. Sa facture pointilliste, décrite par cette multitude de traces de bouts de doigts la rend tremblante, lui conférant une force expressive toute corporelle.

Le rapprochement entre le fil de fer barbelé et les corps qui dérange toujours ne renvoie pourtant qu’à un rapport littéral et courant : le fil de fer barbelé réfrène, empêche, contraint, meurtrit – tel un mur d’enceinte dont il est souvent l’allié. L’agressivité de la forme, toute en pointes et rigidité, est ici violemment accolée à la chair tendre et sensible du bout des doigts. Les empreintes digitales qui constituent cette ligne renvoient encore à un autre versant de la question de la surveillance. Nos sociétés contemporaines regorgent de barrières et contraintes invisibles de plus en plus infranchissables et implacables : biométrie, dépistage génétique sont devenus en l’espace de quelques années les nouveaux garde-frontières alors que la plupart des murs se sont effondrés ou rêvent de l’être.

Carole Billy

www.mirceacantor.ro