Né en 1948 à Tokyo (JP)
Vit et travaille à New York (US)
1980
Photographie noir et blanc, tirage argentique
41,7 x 54 cm
Acquisition: 1990
Hiroshi Sugimoto s’est consacré depuis la fin des années 1960 à trois séries de photographies noir et blanc fondées sur une expérience du temps. La première s’intéresse aux luxuriants décors de salles de cinéma construites dans les années 1920 en Amérique. Dans la seconde série, Sugimoto passe du proscenium, du cadre, à la scène, de l’écran blanc aux diaporamas d’animaux. Depuis le milieu des années 1980, il se consacre aux images d’océan et de ciel, à la ligne d’horizon qui partage ces deux entités abstraites. Durant plusieurs années, l’artiste a parcouru les États-Unis et photographié de manière systématique, dans les mêmes conditions de lumière et de cadrage, ces anciens théâtres à l’italienne transformés en salles de cinéma. Placé au centre du balcon, il fixe son appareil sur un trépied et le tourne face à l’écran. Le temps de pose est déterminé par la longueur du film qui passe ce jour-là. Non seulement le film s’efface littéralement, mais la photographie enregistre son passage comme un rectangle lumineux, surface analogue à la mémoire, à la fois vide et incroyablement chargée d’informations. C’est à partir de ce rectangle de lumière que se fonde toute la composition de la photographie, que s’organise la lecture de l’architecture intérieure de la salle qui apparaît d’ailleurs désespérément vide. L’écran comme seule et unique source de luminosité, crée l’ambiance particulière et homogène de ces théâtres. Habituellement l’écran absorbe la lumière, ici il réverbère et fait office de véritable révélateur architectural. La blancheur rayonnante de l’écran semble proche de l’image photographique, elle éclaire la réalité et rend possible la méditation, l’expectative.
Béatrice Josse