Né en 1954 à Gedern (DE)
Vit et travaille à Düsseldorf (DE)
1989
Photographie couleur, tirage cibachrome
98,5 x 142 cm
Acquisition: 1990
Commencée en 1989, cette série consacrée aux espaces muséaux poursuit l’investigation typologique des comportements culturels et sociaux qui caractérisent le travail de Thomas Struth. Avec la même démarche analytique que pour ses travaux précédents, ces photographies en vue rapprochée ne concèdent rien à la séduction de l’espace architectural mais se concentrent sur la structure de l’espace physique et mental dans lequel déambulent les spectateurs. Cependant, contrairement aux rues et aux portraits qui sauvegardaient la distance et l’intimité du sujet inscrite au creux de la petite taille du tirage noir et blanc, les cibachromes de grand format sur les musées créent un rapport tautologique, une tension dialectique, entre le contenu, la forme et la présentation des œuvres dans l’espace réel et photographié, introduisant ainsi une réflexion sur la complexité et la signification de la perception.
Cette dimension critique déjà présente dans ses travaux antérieurs, ne laisse ici aucune échappatoire au spectateur puisqu’il est devenu le sujet exposé, regardé et regardant, signifié et signifiant à la fois. L’artiste ne fait quant à lui qu’observer et enregistrer, obligeant par son retrait le spectateur à se représenter à travers l’autre et à contempler la manière dont son individualité privée se conforme à des espaces publics codifiés. Au-delà de toute anecdote, Struth montre le musée comme un lieu de consommation et de représentation culturelles et propose une expérience symbolique, subjective mais consciente des comportements sociaux. Décrivant la complexité du réel mise en exergue par l’enregistrement et l’installation sériels, les photographies de Struth captent simplement les modes de vie de son époque en relevant leur inscription dans le passé. Toute représentation n’est possible qu’à l’intérieur de cette faille de la perception.
Maïté Vissault