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Maria Nordman

Née en 1943 à Görlitz (DE)
Vit et travaille à Santa Monica, Californie (US)


Vitis Vinifera

1991
Plaque de marbre noir, papier velin sous verre
206 x 167 x 24 cm
Acquisition: 1991


«La cité commence avec la structure du paysage et les réalités de ses habitants au moment où le débat s’ébauche entre eux.»1

De la superposition de la pierre et du plan naît la cité, en tant que rencontres de formes et d’idées, d’hommes et d’objets. Maria Nordman construit des «contextes» par confrontations entre l’environnement et le spectateur, entre les différentes parties ou matières, entre résonance et transparence, entre…
Vitis Vinifera s’appréhende comme un lieu ouvert, une rencontre matérialisée par le reflet des formes sur les différentes surfaces de l’œuvre. La simplicité de la structure – grand tiroir coulissant protégeant marbre et papier vélin – la pureté des matériaux, la disposition et la mobilité des parties dans l’espace, se donnent d’emblée en tant que forme et contenu, et introduisent la perception globale d’une configuration spatiale comme élément primordial de l’acte artistique.
Le titre renvoie à l’antiquité et à l’origine de la cité, il fait référence à l’arbre fruitier, au jardin – lieu de beauté lumineuse propice à la communion divine – représenté par Jan van Eyck dans le polyptyque de L’Adoration de l’agneau mystique (Gand, Saint-Bavon). En utilisant ainsi la référence, Nordman introduit le discours comme un élément d’interprétation et de reconnaissance faisant entièrement partie de l’œuvre. Le plan urbain imprimé participe à cette même appréhension du langage, il désigne Anvers autant que toute autre ville. Le signe graphique ou linguistique est ici un élément structurant appréhendé tant pour ce qui résonne en lui que pour ce qu’il nomme explicitement. Il est un projet ouvrant sur de nouvelles conjonctures urbaines, au même titre que les publications de livres-sculptures sont des oeuvres en latence.
Travaillant dans l’espace urbain (parc, fontaines, rues, entrée, musée…), Maria Nordman s’adresse à l’environnement des habitants, en installant en son sein des objets mobiles soumis à la continuité des jeux de lumière et de couleur, des schémas de rencontres, des modifications structurelles d’espaces dans plusieurs lieux et dans la durée, des constructions parasites… Ces oeuvres révèlent la spatialité des échanges urbains, leur fonctionnalité, leur mobilité et leur influence sur les comportements sociaux.
La lumière est l’élément indispensable à la distinction ; en elle, l’espace se réalise et se transforme selon la perspective. Son caractère changeant crée un lieu ouvert en mutation, un liant souvent imperceptible, dont l’évidence sculpturale charge la forme perçue d’une matérialité essentielle.

Maïté Vissault

1 Maria Nordman, Musée des Beaux- Arts, Chartres, 1990.