Né en 1949 à Los Angeles, Californie (US)
Vit et travaille à Emeryville, Californie (US)
1976
Photographie noir et blanc, tirage argentique
39 x 39 cm
Acquisition: 1985
Pour qui connaît un peu l’œuvre de Richard Misrach, ces trois photographies, prises entre 1975 et 1977, peuvent constituer une grammaire de base, une sorte d’introduction à son art poétique… Misrach théorise lui-même la tension qui sous-tend tout son travail. Il entend d’abord réaliser des études sur des objets spécifiques (un rocher, un cactus, un animal…) afin de constituer son «iconographie personnelle». Pour l’artiste, ces sujets ne possèdent en eux-mêmes aucune valeur métaphorique, mais ils en acquièrent une pour ceux qui les regardent à travers la photographie. Car vient, ensuite, la question du médium, de la forme et des propriétés de l’image (point de vue adopté, choix des objectifs, couleurs, format, options du tirage, etc.). Bien que liées par une relation de nécessité artistique, ces préoccupations se situent sur deux plans bien distincts : «le cactus est une chose, et la photographie qu’on va en faire est quelque chose de très différent». C’est ce rapport de l’œuvre à son référent concret qu’expriment déjà très clairement Boulder, Palm Tree et White Sands. Le rocher, le palmier, l’étendue de sable blanc sont isolés au centre du carré (le plus statique des formats), effet accentué par l’aura générée par l’éclairage artificiel dont se sert le photographe. Le formalisme de l’image n’empêche nullement qu’on soit saisi par le «réel» envisagé. Mais en isolant de tels fragments du monde, l’artiste leur confère une propriété proprement sublime.
Olivier Goetz