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Mario Merz

Né en 1925 à Milan (IT)
Décédé en 2003 à Turin (IT)


L'autre côté de la lune ou Table de Chagny

1984 (fruits et légumes) - 1992 (plomb)
Acier, verre, pierres et plomb
70 x 900 x 350 cm
Acquisition: 1992


Père de l’Arte Povera, mouvement artistique italien né en 1967, Mario Merz participe des grandes figures de l’art du XXe siècle. Métal, verre, pierre, fagots de bois et néons sont les éléments de base pour la construction de l’œuvre emblématique de Merz qui mêle les objets naturels et industriels. Les formes simples et essentielles de la spirale, de l’igloo et du cône complètent le vocabulaire de l’artiste dont les préoccupations dépassent largement le domaine réservé de l’art. Merz tente de renouer le dialogue rompu avec la nature, l’histoire, la mémoire en faisant de l’homme son point de référence.
Il développe d’ailleurs le thème de la table, comme extension du travail humain. Symbole de convivialité, de la présence de l’homme parmi les hommes, la grande table ouverte appelle à la nourriture, à la prolifération. Table de saison, l’œuvre reçoit les fruits et légumes colorés de l’été. Les végétaux ainsi disposés sont une métaphore de la vie et de la peinture. À la fois source de vie et nourriture éphémère, les végétaux induisent la notion de cycle des saisons et l’extraordinaire pouvoir créatif de la nature.
Rythme et alternance des couleurs et des matières dévoilent cependant la notion d’éternité qui est reprise par la forme de la table en signe mathématique de l’infini. Sa double rondeur esquisse par ailleurs un dialogue avec un paysage sinueux et stratifié de Bourgogne. Image d’un espace ouvert, la table est un parcours vallonné de formes demi-lunaires. Table-paysage, table-nature morte, la sculpture-offrande de Merz reprend à son compte l’histoire de la peinture occidentale et fait le lien avec les représentations généreuses d’Arcimboldo.
Chargée de plaques de plomb disposées aléatoirement, la table devient alors espace de méditation, la transparence du verre et la présence lourde et puissante du plomb dialoguent et révèlent la présence furtive de l’homme dans l’univers.
La richesse et la simplicité des formes et l’ampleur du propos donnent à cette pièce une force et une permanence qui va bien au-delà des discours pour retrouver les sources symboliques de la nature et de la vie humaine.

Béatrice Josse