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Yves Guillot

Né en 1951 à Suresnes (FR)
Vit et travaille à Sens (FR)


Sans titre

1988
Photographie noir et blanc, tirage argentique
40 x 30 cm
Acquisition: 1990


Photographe de l’évanouissement et de la fragilité des apparences, Yves Guillot promène son regard dans le monde sans laisser se fixer, sur la pellicule, la forme clairement appréhendée des êtres et des choses. Ses photographies retiennent des corps et des visages derrière des vitres, simples ombres de passage, en partance vers l’ailleurs. Elles évoquent l’évanescence
de l’image, sa fuite et son envol hors de la contrainte du cadre.
Seuls les objets sont investis de cette présence précise et simple qui permet de reconnaître un endroit, un moment, pour un instant. Cependant, témoins d’une vie sans cesse en mouvement, leurs reflets s’épuisent rapidement pour ne retenir finalement aucune forme précise. Les clichés de Guillot fixent les choses de près, mais dans l’indéterminé et le gris de l’oubli devenu palpable à travers la grosseur du grain, le flou des contours et la profondeur chromatique des tirages.
Sa démarche, atypique dans la production actuelle, ne s’appuie nullement sur la spécificité du regard photographique et sa capacité à construire une image. Elle explore plutôt l’épuisement de l’œil, son impuissance à stocker et enregistrer la somme des informations renvoyées par le réel. Sa contribution à une histoire du regard se résume en un livre ou une série : dix années de recherche en quinze images. Métaphore du mouvement inscrite dans l’énigme du passant, La logeuse est un voyage qui commence par un trou de serrure et se termine sur le pas d’une porte, au pied de ce chien rêvant au retour de l’homme : «Heureux qui comme Ulysse…»
Les photographies de Guillot saisissent des instants simples, dominés par l’ennui et pris d’amnésie.

Maïté Vissault