retour

Marie-Ange Guilleminot

Née en 1960 à Saint-Germain-en-Laye (FR)
Vit et travaille à Paris (FR)


Poupée

1993
Tissu, talc, sable
40 x 6 cm
Acquisition: 1996


Du Chapeau-Vie (1993) – tube textile qui se métamorphose en pull, robe, sac de couchage – au sac évolutif Le Cauris (1997), en passant par la performance – Gestes (Tel-Aviv, 1994) où l’artiste offre ses mains au visiteur anonyme à travers une cloison – Marie-Ange Guilleminot exprime la vulnérabilité des corps et des êtres, la fragilité et l’ambiguïté inhérentes à toute relation. Le corps de l’artiste, «utilisé comme matière brute», et le vêtement, à la fois double peau, chrysalide fragile, s’exposent et nous exposent à une relation troublante et transgressive : celle d’un échange profondément intime, tactile.
L’artiste met son corps en jeu, l’offre au regard, au geste impudique, troublé ou embarrassé du regardeur invité à établir un échange. De cette double relation de confiance et d’abandon, de cet usage du corps comme vecteur de communication vers l’Autre, émane un érotisme qui renvoie chacun à sa sexualité, à ses propres limites. Marie-Ange Guilleminot cultive l’ambiguïté et soulève le voile de l’intime, de l’interdit.
Dans sa vidéo Mes poupées, elle caresse inlassablement un sachet de tissu calé entre ses jambes, avec douceur, ambivalence. L’absence de visage, anonyme le corps et rend possible l’identification. Référence au monde de l’enfance, cette «poupée» manipulée avec sensualité suscite trouble, désir et culpabilité chez le regardeur-voyeur. Réalisées avec des collants en lycra emplis de sables ou de graines, couvertes d’un talc protecteur, les poupées existent également en tant qu’objets offerts à la manipulation de l’utilisateur, supports de la projection de ses désirs.

Hélène Guenin