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Braco Dimitrijevic

Né en 1948 à Sarajevo (YU)
Vit et travaille à Paris (FR) et à Londres (GB)


Triptychos post historicus

1992
3 trompettes, 1 huile sur toile et 1 pomme
Dimensions variables
Acquisition: 1994


«B. D. : À la manière des triptyques classiques, mes triptychos se composent de trois parties : une peinture originale généralement prêtée par un musée, un objet d’usage courant et un élément naturel, fruit ou légume par exemple. […] Toute hiérarchie des objets en est absente et les trois composantes sont présentées ensemble sur un socle qui sert d’autel et de point d’interrogation.

J. H. M. : Tu as écrit quelque part : «Il n’y a pas d’erreurs dans l’histoire, c’est toute l’histoire qui est une erreur». Pourrais-tu expliciter ce que tu entends par post-historique?

B. D. : Je définis la post-histoire comme un temps où s’évanouit toute différence entre d’une part la légende, que je vois comme la somme de toutes les interprétations individuelles et souvent irrationnelles, où tout est possible, et d’autre part l’histoire telle que nous l’entendons actuellement, avec sa stricte limitation aux faits établis. C’est un temps de l’après-histoire, le temps des vues multi-axiales. […]
Dans notre civilisation, les tableaux originaux et les représentations ont un statut différent, et c’est pour cette raison que je trouve essentiel de persuader un conservateur de musée de me laisser employer une chose qui dans notre culture est sacrée. Il me semble important de faire vivre ce genre de situations-modèles, même si ce n’est que quelques minutes.
[…] Je vois ces travaux, ces triptychos et les peintures, comme un portrait de notre planète car à vrai dire, pour celui qui regarde la Terre depuis la Lune, il n’y a virtuellement pas de distance entre le Louvre et le Jardin des Plantes.»

Entretien de Jean-Hubert Martin avec Braco Dimitrijevic, in Braco Dimitrijevic. Culturescapes, 1976-1984, Köln-Bern : 1984, repris in Artefactum, août 1984.