Né en 1964 à Bruxelles (BE)
Vit et travaille à Bruxelles (BE)
1996
Installation
Dimensions variables
Acquisition: 1996
Depuis les années 1960-1970, les questions du mode d’apparition des œuvres, de leur inscription dans un lieu et des conditions de leur vision sont au cœur de la création. La relation à l’espace est devenue un élément constitutif de l’œuvre et une modalité de mise en critique des lieux artistiques institutionnels.
Cette réflexion sur le(s) lieu(x) de présentation de l’art est au cœur du travail de l’artiste belge Alec de Busschère. Sa démarche, proche du minimalisme (notamment dans la prise en compte de la présence physique du spectateur et l’épure des volumes), a évolué depuis 1991, d’une réflexion sur l’inscription de l’œuvre dans l’espace d’exposition à la création-reproduction de lieux fictifs.
Les premiers travaux d’Alec de Busschère consistent en la réalisation de sortes de tableaux-miroirs, de forme convexe qui agissent sur la perception du spectateur en lui renvoyant une image déformée de l’espace. Son travail s’oriente ensuite vers l’intervention in situ avec la reproduction à l’échelle 1/1 de lieux existants que l’artiste réintègre dans leur espace d’origine. À partir de 1994, Alec de Busschère dépasse le concept de l’_in situ_ en réalisant des lieux fictifs, imaginés de toutes pièces.
Under construction, installation vidéo de 1996, exposée pour la première fois au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, s’inscrit dans ce contexte. Cette œuvre évolutive résulte d’un long processus impliquant la collaboration de différents intervenants (désignés par des anagrammes d’Alec de Busschère : Bruce Dehess, Herdès Cube, Breschee-sude). À l’origine de l’élaboration de cet espace virtuel, une simple liste de l’artiste détaillant les dimensions, les matériaux et les couleurs d’un lieu imaginaire. La production de ce lieu a ensuite été déléguée à des écrivains, chargés de décrire ces espaces et leur fonction possible, puis à des architectes qui ont traduit ce travail d’écriture en tracés et en plans. Au terme de ce processus, au cours duquel le lieu a acquis différentes modalités d’existence et de représentation, l’artiste a réalisé des maquettes à l’échelle 1/15° offrant ainsi une forme tangible et concrète à cet espace virtuel. Les espaces intérieurs et les volumes des maquettes ont ensuite été filmés à l’aide de minuscules caméras.
Les images ainsi obtenues sont projetées dans la salle d’exposition, aux dimensions du lieu, opérant une superposition entre espace imaginaire (virtuel), et espace réel. Cette juxtaposition d’un espace symbolique à l’espace de pratique «traditionnel» de l’artiste produit un glissement : le contenant devient contenu et c’est l’espace lui-même qui fait œuvre.
En produisant cette superposition, Alec de Busschère dénie les conceptions de neutralité du lieu et d’autonomie de l’œuvre par rapport à son contexte d’apparition. Un dispositif situé au centre de la salle appuie cette affirmation : il effectue un mouvement de rotation et projette l’image du lieu virtuel selon un mouvement circulaire. L’espace se déplace autour du spectateur et sa mobilité implique une incessante redéfinition du lieu.
Hélène Guenin