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Sigmar Polke

Né en 1941 à Oels (DE)
Décédé en 2010 à Cologne (DE)


La Famille Royale

1988
Oxyde d'argent, résine dammar, pigment et bronze doré sur toile
180 x 200 cm
Actuellement en dépôt : Musée départemental d'art ancien et contemporain, Epinal
Acquisition: 1989


Un an avant la célébration du bicentenaire de la Révolution française, l’Allemand Sigmar Polke, né à l’Est en 1941, a peint cette Famille Royale. Étonnant collecteur d’images, l’inventeur du «Réalisme capitaliste», fait passer au tamis de son imagination un grand nombre d’informations qu’il ne faut pas forcément s’empresser de décrypter de façon trop précise. On sait, toutefois, que l’avant-garde post-moderne allemande (Heiner Müller, en l’occurrence) a pu interpréter le totalitarisme du XXe siècle à la lumière de l’Idéologie française…
L’artiste joue de la porosité des supports, pour obtenir avec les produits qu’il utilise (différents types de peintures et de pigments qui peuvent évoluer avec le temps) un rendu parfois aléatoire. C’est ainsi que le trait précis du dessin se détache nettement des grandes éclaboussures qui imbibent la toile. On distingue d’abord l’agrandissement d’une caricature d’époque : un sans-culotte, armé d’une pique et d’un fouet, fait marcher devant lui un troupeau hétéroclite (dindon, moutons, chien, chèvre, bouc) dont les têtes, royales, sont celles qui vont bientôt tomber. Le chemin emprunté pourrait donc être celui qui conduit des Tuileries à la guillotine… À l’humour grinçant de cette figuration anecdotique, l’artiste associe une picturalité violente, faite de taches et de frottis abstraits. L’une de ces taches explose littéralement au-dessus de la tête du sans-culotte, par exemple. Dans le ciel, un crâne menaçant se profile qui semble fait de la condensation de la couleur, des nuages ou… de l’Histoire.

Olivier Goetz