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Laurent Pariente

Né en 1962 à Oran (DZ)
Vit et travaille à New York (US)


Sans titre

2000
Pointe sèche sur cuivre, vernis brun
200 x 200 cm
Acquisition: 1999


Si les travaux de Laurent Pariente ont à voir avec le silence de la blancheur et la puissance de la lumière, ils flirtent aussi singulièrement avec l’enfermement, l’oppression et la violence.
Ses installations quasi-architecturales, sortes de labyrinthes sensibles, jouent avec les ombres et la lumière des murs afin de mieux perdre le visiteur dans son propre néant. Les fentes et fenêtres découpées dans ses corridors jouent avec la luminosité et nous obligent à développer la dimension psychosensorielle de notre champ de perception.
Les plaques de métal incisées, l’une en zinc, l’autre en cuivre, reprennent les mêmes principes de construction du visible : par le retranchement de la matière apparaît la lumière. Les plaques deviennent espace.
Utilisant les méthodes ancestrales de la gravure, à savoir le crayon à bout pointu qui vient enlever de la matière à la surface d’une plaque de métal, l’artiste crée du vide à l’état brut. Les sillons produits par des gestes brusques et violents circonscrivent à la fois l’espace d’une œuvre potentielle, celui d’une gravure abstraite, mais surtout créent un vide, source de captation de la lumière. La rayure se fait rai de lumière.
Laurent Pariente tente de faire des œuvres d’art qui échapperaient à la notion traditionnelle d’objet. Ainsi les vibrations lumineuses captées par le métal incisé renouvellent à l’infini le regard du spectateur et évacuent l’idée d’une appréhension unique et idéale de l’œuvre. «C’est la plaque gravée, à laquelle je me suis confronté gestuellement, qui a inauguré ma relation au mur.»1 Il explique qu’en creusant le métal «le corps ouvrait un espace lumineux», de la même façon que le mur « est aussi l’ouverture d’un nouvel espace».
À l’instar d’Yves Klein qui présenta en 1957 Monochrome 52, une petite plaque de métal carrée directement sortie d’usine et portant les traces du ponçage industriel, c’est du vide dont nous parle l’artiste : «Le vide est une condition de l’échange. Faire le vide, c’est se placer dans une condition d’écoute et d’attention.»2 L’ambition de manifester l’immatériel semble leur être commune et si percevoir signifie laisser de côté à la fois la matière et ses propres capacités d’appréhension théoriques et intellectuelles, laissons le corps œuvrer.

Béatrice Josse

1 «Habiter l’œuvre : entretien avec Laurent Pariente», in Architecture d’aujourd’hui, n° 311, Paris, juin 1997.

2 Idem.