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Knut Wolfgang Maron

Né en 1954 à Bonn (DE)
Vit et travaille à Essen et Wismar (DE)


Estérel II

1989
Cibachrome
Agrandissement d'un polaroïd
100 x 103 cm
Acquisition: 1990


Élève d’Otto Steinert à Essen, Maron appartient au courant de la Subjektive Fotografie qui se développe dans les années 1950 en Allemagne, et revendique une photographie plastique où la réalité est manipulée, intériorisée et poétisée. En quête d’une quintessence de l’attitude contemplative, il dissout le regard, l’évapore dans l’irradiation de la couleur. L’espace aplani par la brûlure de la lumière est devenu un univers, une atmosphère. La photographie établit à la fois une présence et une distance avec le monde physique mesurable. Maron emprunte ainsi à la philosophie orientale la vision transcendante d’une inscription du microcosme dans le macrocosme et investit le monde de significations symboliques.
Paysages calcinés, irréels, extraits de l’univers intérieur, les photographies de Knut Wolfgang Maron présentent des étendues arides rongées par la lumière où apparaissent quelquefois des silhouettes d’hommes ou d’animaux en proie à des transhumances mentales, comme perdues dans l’espace incommensurable d’une nature archaïque. Voile ou trace d’expériences oniriques émanant des profondeurs de la mémoire, en ce lieu où les secrets de l’âme se transforment en formes étranges et incongrues, ces images entraînent les spectateurs dans une promenade mélancolique à la rencontre de leur propre imaginaire.
Ces photographies «sont des lieux d’être, des champs d’énergie dans lesquels l’homme moderne, envahi de discordances, les nerfs effilochés, la pensée en morceaux, peut errer en silence, se perdre dans l’immensité et se retrouver autre.»
[Kenneth White, non publié] Maron y bâtit une vision du monde dans laquelle la terre porte la trace de l’homme ou inversement. Il photographie la nature comme une peau vivante (Estérel II), révèle la qualité anthropomorphe des éléments naturels comme le sel de mer transporté par le ciel et cristallisé sur les pentes des Goudes. L’homme, de la même manière, laisse sa marque dans le monde par voie de transformation, il en est l’idée, crée ce feu qui hante la photographie et métamorphose la mesure du paysage.

Maïté Vissault