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Jean Le Gac

Né en 1936 à Tamaris (FR)
Vit et travaille à Paris (FR)


Le délassement du peintre français (avec lanterne, femme et tableau)

1983
Crayon, craie grasse sur papier carton, photographie noir et blanc, tirage argentique, texte
105 x 75 cm
Acquisition: 1985


Jean Le Gac se plait à mélanger les genres. Le délassement du peintre français (avec lanterne, femme et tableau) est un diptyque qui combine peinture (dessin, pastel) et photographie. La partie inférieure inclut un texte typographié, en fait le fragment du récit qui court à travers toute la série à laquelle cette œuvre appartient. Car ce peintre qui est aussi écrivain, interroge les origines de sa vocation artistique, réfléchit sur le rôle de l’artiste et sur la fonction illustrative de la peinture («le refoulé de l’art moderne»). La partie supérieure semble tirée d’un livre d’images ancien, en partie effacé et lacunaire. Bref, l’œuvre est un montage, y compris dans le sens cinématographique du terme. S’agit-il d’un autoportrait ? Jean Le Gac est il «le peintre français» du titre ? Et, si oui, de quoi est-il censé se «délasser» ? De son métier de peintre ? Mais peut-être, après tout, ne s’agit-il que d’une fiction dont les tenants et les aboutissants nous échappent, le fragment d’un puzzle dont les pièces dispersées appartiennent à un projet global auquel celui-ci nous renvoie ? On a pu interpréter la série du Délassement du peintre français comme une relecture des célèbres Ménines de Vélasquez, où le tableau dans le tableau constitue à la fois un morceau de bravoure picturale et une méditation sur la représentation et l’acte de peindre. L’artiste pénètre dans son propre tableau ; il y fait intrusion, non pour se faire voir, mais pour se regarder lui-même, en une mise en abyme déroutante.

Olivier Goetz